Étude des processus de radicalisation au sein des réseaux sociaux : Place des arguments complotistes et des discours de rupture.
Quaderni, Automne 2017, No. 94
Par Alava, S., Najjar, N., et Hussein, H.
La radicalisation des jeunes a toujours une dimension numérique et si l’accès aux ressources terroristes est l’objet d’une stratégie calculée d’identification et de suppression dans les différents pays du monde, encore très peu d’actions sont entreprises pour réguler les réseaux sociaux dans ce domaine. Certes, les grands opérateurs que sont Google, Facebook, Twitter font un travail considérable de suppression des comptes clairement identifiés comme djihadistes, mais une grande partie des actions d’accroche et de conviction/embrigadement se réalisent dans le domaine conversationnel. Dans le cadre d’une recherche qualitative conduite entre 2014 et 2016 sur des jeunes en cours de radicalisation ou repentis, nous avons étudié la dynamique d’enrôlement numérique au cœur des réseaux sociaux. Tous les témoignages de jeunes radicalisés montrent qu’une partie du processus de recrutement passe par une stratégie de contact à partir de marqueurs sémantiques utilisés par les recruteurs pour construire une stratégie d’approche, d’accroche, de séduction numérique qui isole l’individu et qui construit une situation d’apprentissage paradoxal que nous nommons « éducation sombre » car elle engage le sujet contre sa conscience dans une situation de communication paradoxale qui va l’engager dans un abandon volontaire du jugement personnel.
https://www.cairn.info/revue-quaderni-2017-3-page-29.htm?contenu=resume