DÉSINFORMATION, PENSÉE CONSPIRATIONNISTE ET EXTRÉMISME VIOLENT

Depuis le début de la pandémie, les théories et rumeurs de toutes sortes se sont multipliées à un rythme effréné concernant la maladie à coronavirus à un point tel que l’OMS a qualifié la situation d’« infodémie ». Bien que les fausses nouvelles et les théories du complot ne constituent pas des phénomènes nouveaux, elles ont pris une ampleur considérable depuis l’émergence des médias et des réseaux sociaux. Ces phénomènes s’expriment dans différents contextes, tels que l’essor de mouvements extrémistes (jihadistes et extrême-droite notamment), le populisme dont l’élection de Donald Trump aux États-Unis n’a été que l’une des manifestations et, plus récemment, la pandémie. Les risques sociétaux potentiels associés à cette désinformation de masse sont nombreux : baisse du niveau de confiance dans l’information et les institutions gouvernementales, non-respect des mesures sanitaires et aggravation de la propagation, détérioration du climat social et désordres sociaux, radicalisation en ligne et recrutement pour les groupes extrémistes, passages à l’acte violent. En effet, l’exposition aux fausses nouvelles, aux théories du complot et à la désinformation en général contribue à alimenter les discours haineux, les polarisations sociales et l’extrémisme violent (Hassan et coll. 2019). C’est pourquoi la Chaire a mis en place un programme de recherche dont l’objectif principal est d’améliorer notre compréhension du phénomène en temps réel, en générant des données probantes, afin de développer des stratégies pour prévenir l’adhésion aux théories du complot en désamorçant les fake news.

Ce programme de recherche comporte deux volets distincts.

L’un porte sur la diffusion de discours extrémistes en ligne au Québec et au Canada, incluant le recours à la désinformation et au conspirationnisme. Ce travail implique une veille en continu des contenus publics sur les médias sociaux de certains comptes d’intérêts en matière d ‘activités intenses de propagande. Nous nous intéressant à la stratégie de diffusion de ces comptes qu’aux éléments rhétoriques qu’ils déplient. Leur configuration en réseau, incluant les influences internationales, sont aussi analysées.

Ce projet nécessite d’autre part un suivi de la perméabilité de la population à ces discours, incluant leur confiance aux institutions, leur rapport à la violence, mais aussi leur croyances quant à des énoncés conspirationnistes ou relevant de la désinformation. Cette partie est surtout appréhendée à l’aide de sondages.