Étude transversale sur la prévention et l’extrémisme violents dans l’espace francophone

Pistes d’action et recommandations présentées aux États membres de la Francophonie

Le 7 mars 2022, la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents (UNESCO-PREV) présente à la Commission politique de l’Organisation internationale de la Francophonie les résultats d’une étude sur les dispositifs de prévention de l’extrémisme violent dans l’espace francophone.

Cette recherche collective, réalisée par un consortium de cinq centres de recherche francophones du Sud et du Nord, s’inscrit dans un contexte marqué par une montée de la radicalisation et de l’extrémisme violents au sein de l’espace francophone depuis plusieurs années. À travers des revues documentaires et des enquêtes de terrain, l’étude s’attache à analyser les stratégies, les programmes et les outils de prévention mis en œuvre dans plusieurs pays francophones. Elle formule également des pistes d’action afin de répondre aux besoins identifiés en matière de prévention.

C’est à la demande du Réseau francophone de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents pouvant conduire au terrorisme (FrancoPREV) et de l’Organisation internationale de la Francophonie que l’Institut d’études de sécurité (ISS), le Centre de ressources et d’appui du Réseau de prise en charge des extrémismes et des radicalismes violents (CRÉA), le Centre africain d’études internationales, diplomatiques, économiques et stratégiques (CEIDES), le Forum des sciences sociales appliquées (ASSF) ont réalisé cette recherche conjointement sous la coordination générale de la Chaire UNESCO-PREV. Elle a bénéficié du soutien de l’OIF, de la Fédération Wallonie – Bruxelles, du Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et du Gouvernement du Québec.

Ainsi, chaque institution de recherche a réalisé un rapport d’analyse pour les pays ciblés, soit la Tunisie, le Maroc, le Togo, le Niger, le Cameroun, la Belgique et le Canada. La Chaire UNESCO-PREV a ensuite rédigé un rapport synthèse présentant une analyse transversale de l’étude et a émis des recommandations à l’attention des organisations régionales et internationales et des gouvernements. Adib Bencherif et David Morin, tous les deux professeurs à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, ainsi que Lydie C. Belporo, candidate au doctorat à l’École de criminologie de l’Université de Montréal, ont rédigé ce rapport transversal. 

“Nous sommes très heureux de présenter le fruit de ce travail d’équipe considérable réalisé en partenariat avec nos collègues africains et belges dans un contexte rendu compliqué par la dégradation de la sécurité et la covid-19. Les résultats de cette étude d’envergure nous semblent offrir de nombreuses pistes de réflexion et d’actions concrètes aux différents acteurs sur le terrain qui leur seront, nous l’espérons, utiles pour faire face à la montée de l’extrémisme violent”.

David Morin, professeur à l’École de politique appliquée de l’UdeS et co-titulaire de la ChaireUNESCO-PREV.

L’étude finale a ainsi pris en compte l’ensemble des rapports-pays et dresse des constats, des enjeux et des pistes d’actions fondées sur des données probantes et ancrées dans les valeurs de la francophonie. Cette synthèse est un outil précieux qui sera porté à l’attention des États et des gouvernements membres de la francophonie pour leur permettre de mieux élaborer des stratégies d’actions efficaces et pertinentes.

Article par Chaire UNESCO-PREV

Cas de la Belgique

Cet état des lieux des dispositifs de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents déployés en Belgique francophone et en région bruxelloise a pour première ambition d’être descriptif et synthétique. Il présente la forme actuelle qu’a prise la prévention de la radicalisation, les tensions qui continuent à la traverser, mais aussi les bonnes pratiques qui ont été mises en œuvre du point de vue des acteurs de terrain. Cette cartographie surplombante tâche de dégager la cohérence de ce qui a été réalisé en Belgique francophone en la matière.

Cas du Cameroun

Cette étude a nécessité l’exploitation de ressources documentaires afin d’examiner la littérature et le travail réalisé sur le terrain pour recueillir des données empiriques. Les dispositifs étatiques et non étatiques de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent ont ainsi pu être recensés selon les niveaux de prévention dans lesquels ils intervenaient. Il s’agit de s’assurer que les missions, les programmes, projets et activités mis en oeuvre par des entités publiques, privées et internationales entraient en droite ligne avec le cadrage conceptuel et les objectifs poursuivis en matière de prévention primaire, secondaire et tertiaire. 

Cas du Canada

Bien que les attaques terroristes n’aient pas été nombreuses au Canada, cette préoccupation grandissante s’est traduite par un virage préventif dans les politiques publiques, passant d’une approche basée exclusivement sur la sécurité intérieure et le contre-terrorisme vers une stratégie encourageant l’incorporation progressive des composantes psychosociales de la prévention ainsi que la promotion de programmes axés sur une approche de santé publique. Ce tournant a permis la mise en oeuvre de programmes de prévention primaire, secondaire et tertiaire qui ciblent tout autant l’espace virtuel que physique, de même que la mise en place de modèles de collaboration multisectorielle. Cela a également facilité une augmentation de l’institutionnalisation des politiques publiques.

Cas du MarocLe présent rapport contribue à dresser un état des lieux de la stratégie nationale marocaine pour la prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. Il consiste également à mettre en avant des pistes d’actions et de réflexions sur les dispositifs de prévention et leur système de mise en oeuvre. Ce travail prend appui sur les initiatives institutionnelles et met en perspectives les principaux outils, programmes et démarches d’intervention sur les champs de la prévention de l’extrémisme violent. Ce rapport porte en particulier sur l’étude des programmes institutionnels mis en oeuvre depuis 2004. L’analyse présente les différents outils et programmes déployés par le Royaume du Maroc dans le cadre de sa stratégie de prévention et les démarches d’intervention institutionnelles en la matière. 

Cas du Niger

Le Niger a engagé un processus d’élaboration d’une stratégie nationale en écho à différentes impulsions nationale, régionale et internationale. Le présent rapport est structuré en 9 parties. La première présente la stratégie nationale de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent du Niger. La deuxième analyse les programmes de prévention non étatiques mis en oeuvre au Niger. La troisième partie examine l’implication de la jeunesse et des femmes dans les programmes. Les quatrième et cinquième décrivent le rôle du numérique et l’état de droit dans le dispositif de prévention. La sixième partie aborde la question de l’évaluation des programmes de prévention contre la radicalisation et l’extrémisme violents mis en oeuvre au Niger. Les trois dernières parties identifient respectivement les enjeux et défis particuliers auxquels les acteurs de la prévention font face, les constats et leçons apprises ainsi que les pistes d’actions. 

 

Cas du Togo

La récurrence d’incidents violents au Burkina, non loin des zones frontalières du Togo, et la prise de conscience d’activités de groupes extrémistes au Bénin, ont convaincu les autorités togolaises de prendre des mesures destinées à contenir la menace hors des frontières du pays. Les mesures d’ordre militaire et sécuritaire ont ensuite été élargies à l’élaboration d’un ensemble de lois relatives à la décentralisation et à la sécurité intérieure dans le but d’adapter le dispositif juridique aux menaces émergentes, dont l’extrémisme violent. La mise sur pied du Comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent (CIPLEV) en 2019 est donc venu compléter le dispositif togolais en l’enrichissant d’une dimension essentiellement civile. 

Cas de la Tunisie

Menée dans une perspective de développement d’une prévention multi-acteurs et multi-actrices, la présente étude soulève une série de questions liées aux objectifs du volet préventif de la stratégie nationale de lutte contre l’extrémisme violent. Elle dresse un bilan des « gaps » et des dysfonctionnements entre la stratégie de l’État en matière de résilience (comme une forme de prévention durable) et son action et sa planification stratégique dans un contexte de coopération avec les OSC. Dans une perspective collaborative, cette étude décrit les différents volets de la prévention : primaire, secondaire et tertiaire. Enfin, on y accorde une place toute particulière au rôle des femmes et des jeunes dans le cadre de ces dispositifs ainsi qu’à la collaboration de l’État avec des organisations locales et des organismes internationaux.